Chapitre 2: Invité surprise et coup tordu

Un écuyer traine le cheval récalcitrant derrière lui. Je regarde discrètement Lacklan soupiré. Une fois encore, la balade sera mouvementée, mon sourire s'agrandit. Mon garde est un excellent cavalier mais les bêtes qu'il monte sont généralement récalcitrantes: tout le monde, et en particulier les chevaux, sait que le Pourfendeur est un être cynique, râleur et ironique. Il n'est pas le plus apprécié de l'académie en partie pour son caractère détestable. Mais Lacklan est un Pourfendeur Noir. Rien que sa présence dans la cantine jette un froid sur les conversations qui se taisent dans la minute. La simple évocation de son nom inspire la crainte parmi les apprentis-capes. Les plus téméraires lui lance des défis... qu'ils perdent tour à tour. Sa réputation d'assassin fait le tour du royaume si ce n'est celui du monde. Je pense que c'est une des raisons pour lesquels Carlston m'a confié entre ses mains gantés. Et surement aussi nos âges presque similaires. Postée devant mon cheval, je réajuste mes étriers par rapport à mes avant-bras.

_ Je suis navré, Ma Sainteté, mais vous ne monterez pas avant moi.

Je souffle bruyamment. Quelle plaie ! Heureusement que ce n'est pas sans arrêt. Á la minute où je quitterai les écuries, je me débarrasserai de ce boulet jusqu'à demain au moins. Pour en retrouver un second dans ma demeure... Je soupire une fois de plus. Le cheval blanc du garde passe à ma gauche et je peux enfin me mettre en selle. Le blanc de mon pantalon et le rouge de ma veste en cachemire détonne sur le noir profond de mon étalon.

Comme à mon habitude, je m’arrête dans une clairière qui aborde un étang, un coin parfait pour se poser.

_ Pourquoi mettez-vous une telle tenue si ce n’est pas pour travailler au centre ?

_ L’équitation n’est pas un travail, c’est un loisir. Il n’y a que ma mère pour penser une chose pareille. Laissons-là croire que je m’exerce.

Je m’allonge sur un drap que je viens d’installer au sol tandis que mon garde se suspend à une branche pour sommeiller. Mon livre est passionnant. Je plonge dans l’univers d’Aeden sans en sortir. Seul le crissement de l’épée sortie de son fourreau me sort de ma lecture. Puis les rênes qui se braquent et le hénissement du cheval qui arrivait en notre direction.

_ Halte là !

La bête recule puis se calme et un apprenti chevalier descend de la monture. Une robe fluette tombe toujours de la selle et il n’est pas compliqué d’en déduire que les enquiquineurs sont deux. Le jeune homme aide une servante à mettre pied à terre et je reconnais Émilie, ses cheveux blonds couverts d’un chapeau flottants malgré tout aux grès du vent.

_ Une missive est arrivée, Votre Majesté !

La jeune femme s’avance et me tend un papier fermé du saut Impérial, celui à qui personne ne peut refuser quoi que ce soit. Et à mes plus grands désespoirs, la famille impératrice ne peut non plus y échapper. Calloway, espèce de sal manipulateur ! Il sait que j’aurai refusé toute rencontre avec lui. Ou au moins le temps que l’Aigle Impérial de Monaco est présent. Je plie la lettre que je range dans une des poches de ma veste.

_ Très bien. Dis lui que je serai présente.

Mais ce n’est pas comme si j’avais réellement le choix. Cette annonce vient de gâcher ma journée.

Et c’est ainsi que je me retrouve le soir dans mon bain, des pétales de roses flottant autour de mon corps. Lassée de mon eau en train de devenir froide, je m'enroule dans une serviette bien chaude et sort de la baignoire. Assise devant ma coiffeuse, j'observe mes servantes fouiner dans mon dressing. Je ne veux pas y mettre les pieds moi-même car cela voudrait dire que je mets un tant soit peu de bonne volonté dans cette requête que m'impose Calloway. Une des bonnes revient avec une nuisette blanche très voyante et qui ne laisse aucune place à l'imagination.

_ Je suis sûre que Sa Majesté l'Aigle de Monaco sera ravi de vous voir dans une telle tenue, jeune Lady.

Je ne me retourne pas, reste indifférente, la seule trace d'un quelconque changement est mon visage qui se ferme. Mon regard croise le sien dans le reflet que renvoie le miroir.

_ Une bonne devrait rester à sa place et ne pas parler de sujet dont elle ignore tout.

_ Oui, mademoiselle. On ne m'y reprendra plus, mademoiselle.

_ Je le sais. Nous le savons toutes.

Mon ton comme mon regard sont une menace sous-jacente suffisante pour foutre une bonne trouille à cette pauvre fille. Je ne m'énerve pas si facilement d'habitude, seulement lorsque les choses ne vont dans le sens que je souhaite. On peut bien dire ce que l'on veut de moi, je suis née dans les bas quartiers, suis devenue un membre de la famille impériale et suis devenue capricieuse. Mais le sujet de Calum est un sujet sensible. Une simple erreur de jeunesse. Pour les deux parties. Je ferme les yeux et me replonge dans le passé.

 

 

 

La porte s'ouvre violemment, laissant apparaitre une chevelure ébène. Le garçon entre sans discernement dans la pièce. 

_ Tu n'as pas le droit d'entrer dans ma chambre. C'est Calloway qui l'a dit.

_ Ton frère c'est un abruti. On est amoureux, on a le droit de se voir !

_ Calloway, c'est ton ami. Et c'est pas mon frère. 

Le garçon balance sa main en arrière comme pour dire: « peu importe ». Il s'approche du bureau en cherchant quelque chose dans sa sacoche. Ses vêtements sont princiers, d'un bleu profond, foncé et intense. Ils sont dignes d'un Aigle, de son titre d'héritier. Il trouve ce qu'il voulait: un bout de papier et un magnifique stylo-plume.

_ Tu veux quoi, Calum ?

_ J'ai trouvé un moyen pour qu'on soit toujours tout les deux. Signe en bas du papier.

_ Tu ne devrais pas faire ça. Je vais bientôt partir de toute façon.

Je prends son stylo et appose ma marque sur le papier. L'héritier semble content de lui au premier abord puis une expression de grande tristesse ravage son visage.

_ Ça n'est pas assez. Il nous en faut plus.

Le petit attrape la main de la petite fille et l'entraine à sa suite. Ils passent d'abord dans la chambre de Calum. Je ne me soucie pas de ce que fait Calum et me concentre sur mon livre imager. Je ne suis pas certaine de tout comprendre: les requins pondent des œufs ? Calum reprend ma main et m'emmène finalement dans le bureau de Carlston. Il fait réchauffer de l'encre tandis que je me  hisse dans le grand fauteuil rouge de mon beau-père. Cela prend un peu de temps mais Calum finit par venir me rejoindre. Il pose ses mains sur mes joues. 

_ Petite princesse, nous ne serons plus jamais séparés. C'est bien ce que tu voulais ? 

_ Oui. Je ferais ce que tu me dis.

Je prends le tampon en main et l'appose sur le papier. Il écrit rapidement quelques lignes au-dessus des deux tampons. C'est ce moment que choisis mon beau-père pour entrer dans la pièce. 

 

 

 

Je soupire une fois de plus en ouvrant les yeux. Je regarde rapidement mon téléphone posé devant moi. Il ne me reste qu'une dizaine de minutes avant que je ne puisse plus être en avance. Et je déteste être en retard. Des coups sur la porte interrompent mes pensées. Ma dame d'honneur va ouvrir la porte et recueille le message de la servante. Lorsqu'elle revient, Émilie me transmet l'annonce, gênée.

_ Je suis navrée, mademoiselle. Un homme demande audience auprès de vous.

_ Qui est-ce ?

_ Il n'a pas donné de nom. Il dit juste être un prêtre d'Ambra.

_ Ambra ? Très bien. Peux-tu prévenir Calloway que je ne pourrai pas le rejoindre tout de suite.

La servante acquiece et se dirige vers le dressing. Elle attrape le premier vêtement qui lui passe sous la main, une robe simple grise, et m'aide à l'enfiler. Toutes les servantes sortent avant moi. Elles me dirigent vers mon Salon privatisé. Seule ma dame d'honneur part dans le sens inverse vers le Salon de Calloway. Lorsque nous arrivons, je suis la seule à entrer. Après tout, cette pièce m'est consacrée mais principalement parce qu'une audience se doit d'être privé, si ce n'est le demandeur et le receveur personne d'autre n'est autorisé dans cette pièce. Il fait sombre lorsque je rentre. Une silhouette noir se distingue tout de même sur le sofa en face de moi.

_ Bonsoir monsieur. Puis-je connaitre la raison de votre venue ?

_ Hé bien, il paraitrait que votre frère tienne beaucoup à sa petite sœur.

_ Mon frère ? Je suis navrée monsieur mais Calloway Castiello ne tient pas à moi. Il ne me considère pas non plus comme sa petite sœur. Je ne fais pas partie de sa famille.

Un petit rire moqueur s'échappe de la gorge de l'inconnu.

_ Je suis navré mais je suis convaincu du contraire. Malheureusement pour vous, il n'y a que cela qui compte.

L'homme se lève et s'approche étrangement. Pour ma part, je ne me suis même pas encore assise. Cette homme me met franchement mal à l'aise et sa simple présence provoque un sentiment de gêne et un mauvais présentiment. Sa taille d'homme d'âge mûr lui donne clairement un avantage sur moi et mon petit mètre cinquante-sept. Maintenant qu'il est debout, il ne me reste plus qu'à m'assoir dignement. Le prêtre en robe blanche s'approche un peu trop près à mon goût. Il se glisse derrière le canapé, dans mon dos. J'ai à peine le temps de me retourner que je ne peux déjà plus respirer. La lame glisse dans mon estomac comme un couteau dans du beurre.

Populaire

Comments

my Hero académia

my Hero académia

suiteeeeeeee stp

2021-12-25

2

Tous

Télécharger maintenant

Aimez-vous ce travail ? Téléchargez l'application et vos enregistrements de lecture ne seront pas perdus
Télécharger maintenant

Bien-être

Les nouveaux utilisateurs peuvent télécharger l'application pour débloquer 10 chapitres gratuitement.

Recevoir
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!